Cours traditionnels ou en ligne : que choisir ?
Acheter un instrument de musique rime avec apprentissage. Il y a encore une quinzaine d’années, il était naturel, si on ne souhaitait pas apprendre tout seul, de se rapprocher d’une association de quartier ou d’un professeur particulier. De nos jours, l’offre pédagogique est beaucoup plus riche. Aux cours traditionnels IRL (In Real Life, “dans la vraie vie” dans notre chère langue Française) s’ajoute la pédagogie en ligne payante et même gratuite. Comment s’y retrouver et faire son choix?
Les cours traditionnels, une valeur sûre
La musique a un caractère social, de partage. Une récente étude de l’université d’Arizona, pour la revue scientifique Journal of Family Communication, tend même à prouver que partager des moments musicaux avec ses enfants (jouer d’un instrument, danser, chanter) améliore considérablement les relations familiales même à l’âge adulte. L’adage “La musique adoucit les moeurs” est donc une réalité.
Au delà de cette fonction sociale, le professeur en chair et en os dispose d’outils pédagogiques et matériels qu’on ne trouvera que chez lui et qui font sa spécificité. Le prof qui a eu une formation jazz ou qui a fait des tournées avec un groupe de rock aura une expérience qu’on retrouvera dans son discours, dans ses gestes et l’élève pourra se nourrir de ce background.
Il mêlera son expérience personnelle, ses propres goûts musicaux, à ceux du professeur et créera une alchimie, un mélange unique dans son apprentissage.
Un professeur permet à un nombre limité d’élèves de bénéficier de son savoir et de créer une expérience unique alors que les contenus en ligne sont les mêmes pour tous et ne permettent pas ce degré d’échange, à cause de la distance physique et sociale. Sur internet, par vidéos interposées, on ne crée pas la même connivence, le même lien, et c’est souvent ce lien qui permet à l’élève de faire fi de ses a priori, de ses difficultés et le pousse à se dépasser. J’ai personnellement le souvenir d’un élève qui m’a dit que la guitare était pour lui un instrument si difficile que s’il n’y avait pas eu ce côté détente, léger mais studieux, dans mes cours, il aurait certainement arrêté et revendu sa guitare. Maintenant il est guitariste d’un groupe qui se produit sur scène, magie !
Il est donc primordial que le “courant” passe et d’essayer plusieurs méthodes d’apprentissage, plusieurs interlocuteurs jusqu’à trouver le pédagogue qui nous convient en terme de style musical aussi, et bien sûr de budget (comptez entre 20 et 40 euros de l’heure en moyenne).
Enfin, au delà de toute considération philosophique et conviviale, un professeur dans le sens traditionnel du terme étant en face de vous, dans la même pièce, pourra corriger votre geste en quelques secondes, avec un regard, une remarque, alors que c’est impossible lorsque vous regardez une vidéo. Le YouTubeur ne va pas sortir de l’écran pour vous expliciter le geste à effectuer. Ce point justifie à lui seul d’avoir recours régulièrement ou ponctuellement aux services d’un professeur.
Internet, une source inépuisable de plus en plus qualitative
Pour celles et ceux qui ont un budget limité, les contenus en ligne sont une ressource de connaissances et d’exercices vraiment intéressante. Il est en effet souvent plus intéressant si on manque de moyens financiers d’acheter des contenus pédagogiques (pack d’apprentissage spécial débutant, cours en ligne sur une année) plutôt que de prendre des cours avec le voisin de la belle sœur qui donne des cours ‘pas chers’ parce qu’il est étudiant, mais que finalement il n’y connait pas grand chose de plus que vous (il est évident que je n’ai rien contre le voisin de votre belle sœur, hein!).
L’offre de contenus payants s’est considérablement étoffée, tant dans les styles (blues, rock, jazz manouche, pop...) que dans les formats (vidéos, ebooks, partitions interactives style Songsterr et Guitar Pro, cours par skype...). La vidéo a cet avantage de montrer le geste technique. L’apprenti guitariste peut alors voir et entendre, mettre pause, revoir un passage difficile. Le temps n’existe plus et on n’a pas à quitter le cours car l’élève suivant arrive dans la salle. On peut passer plusieurs semaines sur la même vidéo pour la décortiquer, ou au contraire se faire un marathon pour emmagasiner le plus possible de notions et garder ensuite ce qui nous paraît essentiel.
Internet fait aussi tomber les barrières géographiques, on peut apprendre le flamenco avec un guitariste espagnol ou le métal avec les vidéos d’un professeur à l’autre bout de la France. Bref bénéficier d’un savoir auquel on n’aurait pas eu accès autrement, faute de pédagogue dans sa région. Prendre ponctuellement des cours par Skype peut associer échanges en live en faisant fi de la distance. C’est une option à considérer. Pour les budgets très serrés, les cours gratuits sur YouTube sont maintenant légion et permettent d’apprendre une infinité de morceaux et de tester les pédagogies disponibles pour éventuellement passer à la vitesse supérieure en achetant un contenu payant ensuite. Les chaînes d’apprentissage de la musique se sont considérablement professionnalisées ces dernières années, il faut en profiter.
En résumé c’est à vous, en fonction de vos contraintes et envies, de choisir la formule qui vous conviendra le mieux. De plus en plus d’apprentis guitaristes choisissent les deux, ils ont un professeur qu’ils voient de façon hebdomadaire pour avoir un suivi et une “obligation” de travail, et complètent cet apprentissage avec des contenus en ligne gratuits ou payants.
A PROPOS DE L'AUTEUR Benjamin Sertelon est guitariste et enseigne cet instrument depuis 20 ans. Sur sa chaîne YouTube “Power Corde”, il partage son expérience et donne des conseils aux guitaristes de tous niveaux. Il a co-écrit avec “Guitare Facile” un pack d’apprentissage d’un an, véritable booster pour guitariste.